Argentique

Dix ans après avoir déposé le bilan, Kodak retrouve une seconde jeunesse grâce à l'explosion de la demande.
En novembre 2022, la firme de Rochester a annoncé qu'elle avait embauché 300 personnes "au cours des 18 derniers mois" pour "répondre à la demande de pellicules de 35 mm qui a explosé ces dernières années". L'entreprise n'avait pas spécialement anticipé le retour des pellicules photo, mais la nostalgie de la photo numérique touche toutes les générations. Les consommateurs étant, visiblement, prêts à payer plus cher un produit plus difficile à trouver mais aussi à faire développer. “ Nos revendeurs n’arrêtent pas de nous dire que les films 35 mm disparaissent de leurs étagères ”, a déclaré Nagraj Bokinkere, responsable de la division de photographie conventionnelle de Kodak, à Petapixel.

Ce cadre a souligné que l’entreprise a été contrainte de passer d’un poste unique du lundi au vendredi dédié à ce produit, à la multiplication par trois des postes travaillant vingt-quatre heures sur vingt-quatre, y compris les week-ends et cela ne semble toujours pas suffisant. Car c'est la relance de la bobine traditionnelle.

Fini le souvenir audible des appareils photo d’une vie : le déclic de l’obturateur et le cliquetis du film qui passe… Les smartphones ont pratiquement éteint la photographie de patience et de développement, mais pas complètement. Un fabricant, Kodak, a décidé de rester seul sur le marché en tant que dernier représentant de la photographie conventionnelle et il semble que ce pari, contre toute attente, tourne bien.

En un mot, la société de Rochester a annoncé qu’elle avait entamé un nouveau cycle de contrats en raison d’une demande de moulinets traditionnels qui avait “explosé” ces dernières années. à l’âge de téléphones intelligents et du “point and shoot”, un nouveau courant à son encontre suggérait qu’un secteur du marché souhaitait revenir au calme, à la patience et à la découverte du développement.

Plus de 300 nouveaux employés

Cette rage inattendue pour un processus de production qui semblait dépassé a en partie bouleversé les plans du constructeur. Bien que, comme nous l’avons souligné, elle ait maintenu en vie les bobines de son catalogue de produits, cette explosion soudaine de la demande n’était pas prévue. “Nos revendeurs n’arrêtent pas de nous dire que les films 35 mm disparaissent de leurs étagères”, a déclaré Nagraj Bokinkere, responsable de la division de photographie conventionnelle de Kodak, à Petapixel.

Ce cadre a souligné que l’entreprise a été contrainte de passer d’un poste unique du lundi au vendredi dédié à ce produit, à la multiplication par trois des postes travaillant vingt-quatre heures sur vingt-quatre, y compris les week-ends. Plus précisément, Kodak a embauché 300 nouveaux employés au cours des 18 derniers mois, et cela ne semble toujours pas suffisant. Car ce la relance du moulinet conventionnel ?

“ C'est de la part de Kodak très symbolique ”, déclare Iker Morán, journaliste spécialisé dans la photographie. Cet expert fait allusion à un retour à la valeur “ format physique, esthétique imparfaite versus méga pixels ”, évoquant la perfection presque insoutenable des photographies prises avec un smartphone moderne. Avec un iPhone ou un Android de dernière génération, il est presque impossible que la photo soit de mauvaise qualité, même si elle est prise en mouvement et avec une mise au point quasi nulle.

Maintenant, il n’y a plus d’attente ; vous prenez une photo et elle apparaît instantanément à l’écran, entièrement gratuitement.

En un mot, la société de Rochester a annoncé qu’elle avait entamé un nouveau cycle de contrats en raison d’une demande de bobines traditionnelles qui avait “ explosé ” ces dernières années. à l’âge de téléphones intelligents et du “ point and shoot ”, un nouveau courant suggérait qu’un secteur du marché souhaitait revenir à la patience et à la découverte du développement.

Le physique et l’imparfait

“Ceci de Kodak est un fait très symbolique”, déclare Iker Morán, journaliste spécialisé dans la photographie. Cet expert fait allusion à un retour à la valeur “format physique, esthétique imparfaite versus mégapixels”, évoquant la perfection presque insoutenable des photographies prises avec un smartphone moderne. Avec un iPhone ou un Android de dernière génération, il est presque impossible que la photo soit de mauvaise qualité, même si elle est prise en mouvement et avec une mise au point quasi nulle.

De multiples optiques, algorithmes et intelligence artificielle font le sale boulot du tireur, obtenant des résultats spectaculaires à partir de n’importe quel tir. Et maintenant, il n’y a plus d’attente : vous prenez une photo et elle apparaît instantanément à l’écran, entièrement gratuitement. La référence au coût n’est pas anodine : au temps du reel, chaque développement coûtait de l’argent et bien sûr du temps ; Cela a obligé le photographe à être plus exquis lorsqu’il s’agissait d’appuyer sur l’obturateur et à travailler beaucoup plus sur des éléments tels que le cadrage, la mise au point, la vitesse et l’ouverture du diaphragme.

“ Pour nous, c’est l’une des nouveautés les plus attendues ”, déclare Albert Roig, fondateur du laboratoire de développement analogique Carmencita Film Lab, sans cacher son enthousiasme. Comme Kodak, il a toujours résisté à la vague du numérique. « Que l’industrie remette la photographie argentique sur le devant de la scène a toujours été notre objectif, et pas seulement au niveau professionnel, nous croyons vraiment que c’est un médium qui apporte beaucoup à la communauté créative et qui a une raison d’exister importante », explique-t-il.

Ce phénomène est à mettre en relation avec la vente d’appareils photo argentiques, qui connaît un âge d’or particulier, et provoque une augmentation de leurs prix. L’industrie n’était tout simplement pas prête pour cette tournure du scénario et la forte demande a transformé le réflex en un nouvel objet de désir pour les amoureux de la photographie.

Pourquoi ce retour à l’ancien ? Selon Roig, une partie des clients cherche à récupérer « l’expérience d’utilisation et la magie que procure le médium. L’expérience qu’offre l’analogique pour les cinq sens n’est pas comparable à la froideur du numérique ou à la prise de photos avec un mobile ». Dans le processus de la photographie, des éléments tels que le poids de l’appareil photo, son son, son toucher, “ et même l’odeur ” ont une valeur qui manque désormais.

Fujifilm annonce une grosse augmentation des prix des pellicules photo ainsi que du papier et produits chimiques pour le développement.

Il y a encore quelques années, pour faire des photographies, il fallait un appareil photo, évidemment, et une pellicule. Aujourd’hui, plus besoin de tout cela, si l’on peut dire. Le smartphone fait office d’appareil et les clichés sont numériques. Désormais, photographier en argentique est réservée à une niche, qu’ils soient professionnels ou simples passionnés. Il faut cependant reconnaître qu’il y a quelque chose de très satisfaisant à prendre ses photos sur une pellicule. Mais malheureusement, l’opération va coûter plus cher désormais.

Si vous pratiquez encore la photographie argentique, attendez-vous à une franche augmentation de votre budget. En effet, selon Fujifilm, qui fabrique aujourd’hui une grande majorité des pellicules encore utilisées par les appareils photo, il semblerait que le prix de ces dernières va augmenter de 20 à 60 %. L’entreprise explique avoir fait son maximum pour réduire les coûts en améliorant l’efficacité de la production, mais malheureusement, le tarif final augmentera tout de même assez nettement pour le client final.

La société précise par ailleurs que d’autres produits en lien avec la photographie argentique, comme le papier et certains produits chimiques utilisés pour traiter les photographies couleurs vont, eux aussi, voir leurs tarifs augmenter, entre 10 et 20 %. Autrement dit, que vous envoyiez vos pellicules pour les faire développer ou que vous les développiez vous-même, attendez-vous à payer davantage pour cette opération aussi.

Fujifilm explique que cette révision des tarifs pour les pellicules est entrée en vigueur au 1er avril 2022. L’augmentation des prix du papier et des produits chimiques pour le développement des photos couleurs, quant à elle, surviendra en mai. Faire de la photographie argentique coûte déjà bien plus cher aujourd’hui que sa variante numérique, mais avec cette augmentation des tarifs des supports et des produits chimiques, la fracture sera plus nette encore.

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